Nos axes de recherche
Développement durable et inclusif
Le développement durable est venu remplacer l’idéal de la croissance économique. L’Ifsra propose d’en interroger les déclinaisons dans les dispositifs portés par des institutions internationales, nationales ou par des organisations privées dans les Suds. Cet axe s’intéresse à l’articulation entre les enjeux économiques, les exigences de justice sociale et de préservation de l’environnement, à travers les acteurs et actrices institutionnel·les et les politiques qu’ils ou elles portent.
D’une part, à l’instar des projets de développement, les dispositifs en faveur du développement durable participent à définir des interlocutrices – interlocuteurs locaux, à leur donner une légitimité. Ils ont un impact sur la définition des communautés locales, des niveaux pertinents d’intervention, et contribuent à créer ou à substantialiser les frontières de l’appartenance.
D’autre part, ils mettent en circulation des répertoires de normes et de justifications construits dans des espaces sociopolitiques différents de leur espace d’application. Nos recherches s’intéressent ainsi à la rencontre entre les référentiels cognitifs des politiques publiques ou d’entreprise pensés au Nord et ceux des populations concernées par ces mêmes politiques aux Suds, à l’impact qu’ils ont sur le rapport à l’Etat et aux différentes formes de puissance publique. Ces dispositifs sont également diversement reçus, traduits, saisis par les acteurs et actrices qui interviennent pour les mettre en œuvre. Nos recherches s’intéressent ainsi à l’ensemble du processus de réception et d’appropriation par différents groupes sociaux. Se faisant nous pouvons saisir les effets de ces projets sur les organisations sociales, l’accès aux ressources foncières et naturelles, le travail, l’accès aux services publics locaux, la santé des populations…
Cet axe de recherche nous amène à croiser l’analyse concrète des projets à impact territorial fort (transport, énergie, extraction, conservation, aménagement du territoire) et les politiques de responsabilité sociale des bailleurs, des investisseurs et des entreprises internationales.
Mobilités, circulation, citoyenneté
L’axe 2 propose d’articuler la construction de l’espace à l’appartenance et aux droits qui y sont associés. Analyser les mobilités permet de souligner la diversité des mouvements, des droits qu’elles permettent de revendiquer, des enjeux sociopolitiques qu’elles soulèvent.
Tout d’abord il s’agit d’approcher ces variations au cours du parcours individuel, les formes comme les motifs de mobilité pouvant s’enchaîner, se superposer ou entrer en tension : mobilité professionnelle, pendulaire, migration internationale… Ensuite, les catégories : déplacé interne, déplacé involontaire, expatrié, migrant légal ou illégal ; économique ou réfugié ; autochtone ou étranger, auxquelles les personnes mobiles sont rattachées, donnent accès à des droits fonciers, civiques, politiques. Mais elles imposent aussi des stigmates, variables selon la nature du déplacement, les lieux d’arrivée comme ceux de départ, mais aussi selon la porosité des frontières entre pays et entre catégories. Considérer la mobilité au sens large comme un processus et non définir a priori les différents types de mobilité permet d’interroger ces catégories, la manière dont individus et institutions les mobilisent. Les droits qui y sont associés font en effet l’objet de luttes dans lesquelles les individus mobilisent des ressources inégales selon leur place sur l’échelle sociale, leurs réseaux, qu’ils s’inscrivent dans des espaces urbains ou ruraux, locaux ou internationaux. Les mobilités et les circulations sont enfin à entendre au-delà d’individus physiques. Elles invitent à en questionner les canaux et les moyens (infrastructures physiques par exemple) comme le contenu des flux transportés (imaginaires, informations…). In fine, l’analyse de ces circulations permet de rendre compte des différentes formes de mondialisation auxquelles les Suds prennent part.
Patrimoine et conservation
Intervenant sur des projets d’infrastructures, privés ou publics, le groupe Insuco a développé une expertise sur les enjeux patrimoniaux liés aux projets à impact territorial. Ce patrimoine s’entend aussi bien au sens culturel (matériel ou immatériel), symbolique que naturel. L’Ifsra l’analyse sous un angle politique.
Qui définit ce qui nécessite d’être valorisé ? Comment le patrimoine peut-il devenir une ressource à s’approprier, pour “réinventer la tradition”, faire reconnaître un groupe social, ou mobiliser un collectif autour d’un projet d’unité nationale ? L’enjeu peut simultanément être économique, la patrimonialisation permettant l’accès à des ressources, par exemple internationales avec l’Unesco, et constituer un atout pour une industrie touristique bien souvent identifiée comme un moteur potentiel du développement et de la création d’emplois. Se pose alors la question des formes économiques qui peuvent accompagner le développement du tourisme et de leurs potentielles retombées pour le pays. En retour, quels impacts ce tourisme peut-il avoir sur les espaces et les populations locales ?
Une dernière perspective s’intéresse à la mise en valeur de ce patrimoine, aux démarches muséographiques, et à la publicisation de l’archéologie préventive. Promouvant une approche réflexive, nos interrogations nous amènent à analyser l’impact des partenariats dans les projets de développement publics ou privés sur la mise en valeur du patrimoine.
Perspective genrée
Chacun de nos axes de recherche croise la question du genre, sous l’angle des relations entre acteurs et actrices, des catégories et des rôles sociaux qui leur sont attribués, ou qui sont perçus, revendiqués.