Être salarié(e) en Afrique : Le travail au cœur d’enjeux moraux Etude monographique d’une entreprise burkinabè

Être salarié(e) en Afrique : Le travail au cœur d’enjeux moraux Etude monographique d’une entreprise burkinabè

Être salarié(e) en Afrique : Le travail au cœur d’enjeux moraux Etude monographique d’une entreprise burkinabè

Contexte

Il s’agit d’un projet de recherche sociologique qui intègre la formation à l’enquête de terrain et à l’analyse qualitative afin de mieux saisir ce que ce salariat signifie pour les travailleurs et les travailleuses de cette entreprise, en fonction de leur parcours et de leurs attentes. Il s’agit d’étudier à la fois le travail dans une perspective globale, prenant en compte l’ensemble des activités « professionnelles » éventuellement exercées simultanément, et dans son interaction avec les différentes sphères de la vie, familiale notamment. Notre perspective est d’analyser cette place dans une perspective temporelle synchronique : temps consacré au travail, l’entremêlement de plusieurs activités…, et diachronique : le travail dans le parcours biographique et dans leurs projets futurs. La question de l’activité exercée, de la conception du travail, la définition de la qualité et du professionnalisme (qu’est-ce qu’un travail bien fait ?) seront couplées à 4 axes de questionnements (Statut, Salaire, Entreprise et Genre). L’enquête repose sur la réalisation de 50 entretiens et de photographies. Une attention particulière est portée sur les jeunes salariés et les femmes.

Objectif de l’étude

Dans ce programme, nous avons étudié à la fois le travail dans une perspective globale, prenant en compte l’ensemble des activités « professionnelles » éventuellement exercées simultanément, et dans son interaction avec les différentes sphères de la vie, familiale notamment. Il s’agit d’analyser cette place dans une perspective temporelle synchronique : temps consacré au travail, l’entremêlement de plusieurs activités…, et diachronique : le travail dans le parcours biographique et dans leurs projets futurs. La question de l’activité exercée, de la conception du travail, la définition de la qualité et du professionnalisme (qu’est-ce qu’un travail bien fait ?) ont été couplées aux questionnements suivants :

  • Exercer comme salarié(e) (Statut)

Le travail sera envisagé sous la question du statut, comparant différentes positions possibles : être salarié ou/et indépendant ou/et travailler dans la fonction publique. Quelle reconnaissance (place ? rôle ?) sociale est associée à ces différents statuts d’emploi ? Nous interrogerons aussi l’hybridation de ces statuts. L’opposition formel / informel a démontré sa limite, alors qu’émergent des activités prenant des formes hybrides : salariat associé à une petite entreprise souvent informelle, adossée à une organisation familiale par exemple. Par ailleurs, le salariat est considéré de longue date comme un support d’accumulation extra salariale (Agier, Copans, Morice, 1987). Comment le salariat dans le parcours s’articule à d’autres formes d’activités professionnelles participant d’une « économie de la survie » (Rubino, 2021) ?

  • Recevoir un salaire (Salaire)

Une des particularités du travail salarié est la réception mensuelle d’un salaire. Reprenant les travaux de sociologie économique sur la « signification sociale de l’argent » (Zelizer, 2005), nous investiguerons la perception du salaire, les autres formes de revenus ou de rémunération non monétaire, et l’usage de l’argent dans la sphère familiale. La régularité du versement est aussi l’occasion d’interroger la manière dont le salaire organise le calendrier personnel et familial.

  • Travailler dans une entreprise-institution : quelle économie morale ? (Entreprise)

Au-delà du rapport au travail lui-même se pose la question du rapport à l’organisation employeuse : comment est-elle perçue/appropriée ? à quelle images est-elle associée (famille, boutique… etc.). La question est d’autant plus aiguë que l’entreprise étudiée constitue à la fois une institution, importante employeuse et dont les produits sont au cœur de la consommation locale, mais en même temps appartient à un groupe étranger. A quel type d’ancrage (selon les contextes) est-elle associée par les salarié.es ? Comment cet ancrage perçu conditionne les obligations implicites qu’en attendent les salarié.es ? En bref sur quel équilibre repose son économie morale ?

  • Faire carrière pour une femme ou pour un homme (Genre)

On a souvent considéré que l’emploi industriel favorisait l’émancipation des femmes et la maîtrise de leur fécondité, mais on connaît aussi largement les difficultés que les femmes rencontrent à « faire carrière ». Ce paradoxe apparent doit être mis en regard de la diversité des parcours féminins : de quelles ressources les femmes disposent-elles pour accéder à l’indépendance vis-à-vis de la sphère domestique ? Comment ces ressources se construisent-elles au cours du parcours, dans la famille et au travail ? Les femmes sont souvent les pourvoyeuses de soins, leur implication sur le marché du travail entraîne-t-elle une réorganisation de l’organisation familiale ?

Terrain

Les entretiens ont été réalisés au sein des différents sites de l’entreprise à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso.

Institutions partenaires et équipe de l’étude

L’équipe de l’étude était composée de  :

  • Constance Perrin-Joly (PI)
  • Rasmata Ouédraogo/Sawadogo (doctorante) Mamadou Traoré (masterant stagiaire)

Processus de recherche

Afin d’atteindre l’objectif principal, l’étude spécifique s’est déroulée en trois étapes :

1. Une série d’entretiens de cadrage (Module 1)

La phase exploratoire a pour but de vérifier la faisabilité du projet et de préciser l’échantillon, c’est aussi la phase durant laquelle est prévue la formation complémentaire de l’enquêteur ou de l’enquêtrice à notre méthodologie d’enquête.

Cette phase prévoit la réalisation d’une dizaine d’entretiens.

Nous prévoyons de rencontrer pour moitié :

  • La direction / la DRH.
  • Une partie des représentant.es syndicaux
  • 4 à 5 salarié.es

Il s’agira de saisir le cadre de l’entreprise (son activité, son organisation) et les principes fondateurs des politiques mises en place et qui peuvent avoir un effet sur le travail quotidien des salarié.es.

Cette phase sera aussi l’occasion de visite des lieux et présentation des métiers afin de mieux saisir les contraintes professionnelles et industrielles. C’est également durant cette phase que pourront être organisées toutes les sessions de communication auprès du personnel et de réponses aux questions concernant l’enquête.

Cette phase donnera lieu à une première restitution orale (+ une courte synthèse écrite), étant donné le faible nombre d’entretiens, ils ne seront pas cités lors de la restitution.

2. Une enquête par entretien biographique à Ouagadougou (Module 2)

L’entreprise réunit deux filiales (une de production, une de commercialisation), toutes deux situées dans les deux principales villes du pays, chacune des implantations sera investiguée lors d’un module dédié. Je propose de programmer pour le module 2 environs 25 entretiens à Ouagadougou (3 employés, 7 agents de maitrise, 15 ouvriers) qui s’ajoutent aux entretiens de cadrage indiqués ci-dessus.

Livrable 2 : Rapport intermédiaire, à présenter et discuter avec un comité de suivi.

3. Une enquête par entretien biographique à Bobo-Dioulasso (Module 3)

Dans un pays avec des dynamiques de peuplement diverses et multi-ethnique, il parait intéressant de compléter l’enquête réalisée dans la capitale par une seconde dans l’usine de Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays. Nous proposons de conduire environ 15 entretiens à Bobo Dioulasso (soit 2 employés, 4 agents de maitrise, 9 ouvriers)

Livrable 3 : Rapport Final, à présenter et discuter avec un comité de suivi.

Restitution finale aux participant.es

L’orpaillage comme levier vers un développement durable ? – Burkina Faso, Ghana, Guinée, Uganda, Tanzanie, Brésil

L’orpaillage comme levier vers un développement durable ? – Burkina Faso, Ghana, Guinée, Uganda, Tanzanie, Brésil

Transformations vers la durabilité dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle : une perspective transrégionale multi-acteurs
(Gold Matters)

Partenaires

Le projet ST-ASGM est soutenu financièrement par le Forum Belmont et le Programme de recherche conjoint NORFACE sur les transformations de la durabilité, cofinancé par DLR / BMBF, ESRC, FAPESP, ISC, NOW, VR et la Commission européenne via Horizon 2020.

Contexte

Environ 16 millions de personnes dans le monde dépendent aujourd’hui pour vivre de l’orpaillage – extraction et traitement de l’or à haute intensité de main-d’œuvre et faible technologie – la majorité vivant en dessous du seuil de pauvreté dans des pays en voie de développement. Pourtant, malgré son fort potentiel de contribution au développement durable pour l’ensemble des 17 ODD, l’orpaillage est une activité en général majoritairement associée à la dégradation de l’environnement, aux inégalités économiques et aux impacts négatifs sur la société, le travail et la santé, générant ce faisant des barrières critiques à la durabilité.

Il est actuellement devenu urgent de mieux comprendre si, et si oui comment, les communautés pratiquant l’extraction artisanale de l’or peuvent transformer leurs relations à l’environnement, naturel et social, et instaurer ce faisant un développement durable des régions minières. Dans ce contexte, le projet de recherche ST-ASGM se penche particulièrement sur la question de savoir si un processus de transformation sociétale durable (T2S) peut se produire dans le secteur de l’orpaillage, en analysant comment les modes de vie des orpailleurs peuvent évoluer vers des modes de vie durables.

Objectifs du projet et résultats attendus

Au-delà des conceptualisations normatives de la durabilité, basées sur des modèles de planification statiques qui échouent souvent à capter l’aspect profondément dynamique des trajectoires minières, la présente recherche s’appuie sur le postulat qu’une transformation sociétale vers la durabilité doit :

  • s’appuyer sur des processus endogènes de changement technologique et socio-économique
  • reconnaître les flux et la mobilité comme fondamentaux pour conceptualiser la durabilité
  • aborder les questions de gouvernance et de bien-être à travers la co-production de connaissances et d’actions avec les orpailleurs et les communautés minières

A travers le développement d’un cadre de transformation de l’orpaillage vers la durabilité, ce projet de recherche a pour objectif principal d’appréhender les dynamiques socio-spatiales des moyens de subsistance miniers, afin d’analyser comment les valeurs sociales et culturelles participent à la construction du bien-être, de la qualité de vie et de l’identité.

Afin de renforcer les efforts de recherche mondiaux, en cours ou déjà réalisés, et améliorer ainsi leur l’impact, le projet a fait le choix de se baser sur des partenariats scientifiques pour l’étude de l’orpaillage déjà existants en Afrique et en Amérique latine. Les résultats escomptés pour ce projet sont de 3 ordres: premièrement, d’excellentes preuves scientifiques pour améliorer les connaissances sur T2S; deuxièmement, des ponts vers l’action régionale; et troisièmement, le potentiel d’influence sur les politiques publiques.

Processus de recherche

Le cadre de transformation de l’orpaillage vers la durabilité est basé sur une combinaison innovante et séquencée de différentes méthodologies :

  1. La mise en œuvre de conversations sur la durabilité avec une pluralité d’acteurs ayant des points de vue diverses de l’exploitation minière artisanale
  2. La co-conception, sur la base de ces conversations sur la durabilité, d’une feuille de route pour expliciter les visions des acteurs d’un avenir durable pour les régions minières
  3. La diffusion (aux acteurs miniers dans les communautés locales, gouvernements, organisations internationales, ONG, etc.) des résultats de la feuille de route pour assurer l’impact de la recherche, notamment à travers une démarche d’exposition transnationale itinérante des représentations visuelles (via photographies, cartes, images aériennes, clips vidéo) co-produites: « Parler de la durabilité »

Terrain

Le cadre de transformation de l’orpaillage vers la durabilité se base sur une comparaison des réalités minières de différentes régions, en Amérique du Sud et en Afrique. Le projet se concentre plus particulièrement dans sa mise en œuvre sur trois régions :

  • Le Bassin Amazonien
  • L’Afrique de l’Ouest (Ghana, Burkina Faso, Guinée)
  • L’Afrique de l’Est (Uganda, Tanzanie)

Institutions partenaires et équipe du projet

Ce projet de recherche est un effort interdisciplinaire entre les membres des institutions de recherche suivantes :

  • Université de Reading, Royaume-Uni, Eleanor Fisher, Miranda Joyce
  • Vrije Universiteit Amsterdam, Pays-Bas, Marjo de Theije, Wayne Modest
  • Université d’Hambourg, Allemagne, Michael Schnegg
  • Université d’Oslo, Norvège, Robert Pijpers
  • Institut nordique d’études africaines, Uppsala, Suède, Cristiano Lanzano
  • IFSRA, Ouagadougou, Burkina Faso, Peter Hochet, Hermine Papazian, Alizeta Ouedraogo, Luigi Arnaldi di Balme, Nii Obodai
  • Université d’État de Campinas, Brésil, Lucia da Costa Ferreira, Maria Teresa
  • Université de Leiden, Pays-Bas, Sabine Luning, Peter Pels
  • Université de Louvain, Belgique, Hannelore Verbrugge
  • Université des sciences et technologies de Mbarara, Ouganda, Ronald Twongyirwe
  • Université de Sao Paulo, Brésil, Giorgio de Tomi, Tatiane Marin
Mesure des impacts des activités extractives sur le développement – Burkina Faso, Mozambique

Mesure des impacts des activités extractives sur le développement – Burkina Faso, Mozambique

Projet de recherche sur les impacts du secteur extractif sur le développement

Partenaires

Financé par le R4D – the Swiss Agency for Development and Cooperation (SDC) & the Swiss National Science Foundation (SNSF)

Contexte

L’exploitation des ressources naturelles (pétrole, gaz et produits minéraux) par l’industrie extractive contribue de manière significative à l’accroissement des revenus publics d’un nombre important de pays en voie de développement. Toutefois, dans de nombreux cas, les communautés riveraines impactées par la présence des sites pétroliers et miniers subissent les externalités négatives de l’exploitation des ressources naturelles, sans pour autant ressentir les effets de levier positifs sur le développement local. Dans beaucoup de cas, cette situation contribue à l’émergence de tensions et conflits. Ces différends sont renforcés par les asymétries d’information entre les entreprises extractives, les organismes gouvernementaux, la population et les acteurs de la société civile.

Une façon d’éclairer ces débats sur l’activité extractive et de promouvoir un développement positif est de rendre publiques des données indépendantes sur les effets sociaux, économiques, environnementaux et institutionnels de l’extraction des ressources naturelles dans les régions productrices. Une telle base de données détaillée n’existe pas à ce jour dans la plupart des régions et, même lorsque ces données sont collectées, elles ne sont ni rendues accessibles au public, ni systématisées pour permettre aux différentes parties prenantes d’établir un dialogue plus nuancé sur l’impact des activités extractives sur le développement.

Objectifs du projet et résultats attendus

Dans l’optique de mieux comprendre les effets de l’extraction de matières premières sur le développement local, ce projet de recherche visait à développer un cadre théorique et une méthodologie pour la collecte et l’analyse de données, permettant ainsi un suivi continu des impacts économiques, sociaux, environnementaux et institutionnels des activités extractives au niveau local.

Une application mobile et un logiciel en ligne, le « Resource Impact Dashboard » (RID), ont été développés sur la base de cette méthodologie et utilisés comme outils pour la collecte, l’analyse et le suivi des données. Ce tableau de bord (RID) est doté de plusieurs fonctionnalités :

  • Le RID supporte la collecte et le traitement de données primaires et secondaires en utilisant des dispositifs mobiles en combinaison avec une plate-forme en ligne de type « cloud »
  • Le RID propose la visualisation des résultats de manière transparente et accessible au public. Il tient ainsi lieu d’outil de suivi régulier rendant les tendances de développement plus visibles et facilitant les prises de décisions au niveau des politiques publiques

À la fin du projet de recherche, le logiciel RID sera hébergé par une institution appropriée. Il sera mis à la disposition des utilisateurs tiers pour l’application dans d’autres projets d’extraction. Ainsi, en rendant publiques les données d’une manière régulière également pour d’autres pays et régions, ce tableau de bord en ligne permettra d’éclairer la question de la contribution réelle et à long terme du secteur extractif sur le développement durable local et sur la réduction de la pauvreté.

Processus de recherche

Afin d’atteindre l’objectif principal, cinq étapes ont été définies :

  1. Développer un cadre méthodologique et un processus de collecte de données pour surveiller et évaluer l’impact de l’extraction des ressources sur le développement social, économique et environnemental au fil du temps
  2. Test sur le terrain du cadre méthodologique dans des zones extractives au Mozambique et au Burkina Faso, dans deux sites miniers pour chaque pays
  3. Revue de la méthodologie et deuxième vague de tests sur le terrain
  4. Transformer le cadre en une plate-forme de technologie mobile qui prend en charge la collecte des données, le traitement et la visualisation des résultats
  5. Diffusion du cadre et promotion de la plate-forme en ligne à d’autres pays riches en ressources, à la communauté scientifique, aux communautés et aux institutions nationales concernées

Terrain

La méthodologie RID a été testée dans des conditions réelles sur :

  • Deux sites d’extraction au Burkina Faso
  • Deux sites d’extraction au Mozambique

Ces deux pays sont devenus des économies dépendant des ressources naturelles durant la dernière décennie, et sont des pays prioritaires pour la Natural Resource Governance Initiative de la Swiss Agency for Development and Cooperation (SDC).

Institutions partenaires et équipe du projet

Ce projet de recherche est un effort interdisciplinaire entre des Universités suisses et des institutions de recherche basées au Mozambique et au Burkina Faso. L’équipe principale du projet se compose des équipes suivantes :

  • ETH Zurich, Suisse, Centre pour le développement et la coopération Nadel, Dr. Fritz Brugger, Selina Bezzola
  • Université de Berne, Suisse, Centre de recherche pour la durabilité numérique, Dr. Matthias Stürmer
  • IFSRA, Ouagadougou, Burkina Faso, Dr. Peter Hochet, Dr. Pascal Rey, Dr. Hermine Papazian
  • Université Lurio, Nampula, Mozambique, Prof. Dr. João Salavessa, Rite Mabunda

L’équipe de projet plus large est composée d’experts des institutions de recherche suivantes :

  • Institut des hautes études internationales et du développement à Genève (IHEID), Suisse, Prof. Gilles Carbonnier
  • Institut canadien des ressources internationales et du développement (CIRDI), Canada, David Parker